Friday, 11 December 2020

La Vigne


Soulevée de clameurs matinales et d’abeilles

La vigne a le tissé d’une étoffe tribale

Ondulante et diaprée au lever du soleil

Elle tourne ses couleurs comme un essaim de châles

D’invisibles gitanes semblent la secouer

Lui voler ses joyaux pour s’en parer les mains

Tandis que lentement les hauts paniers d’osier

Débordent sous le poids des grappes de raisin


Elles déploient leurs bras en cadence tranquille

Et versent dans les hotte leur fabuleux butin

Barbouillant le visage échauffé des bambins

De leur bouche sucrée de caresses vigiles


Puis rompues de chaleur enivrante et docile

Ces amazones vont la corbeille à la hanche

Dans un éloignement d’insecte malhabile

Essuyant la fatigue à l'élytre des manches


A l’apnée de la nuit

Dans son grand lit défait d’odalisque épousée 

La vigne a des soupirs d’amante

Elle porte à son cou de captive adulée

Des colliers d’amarante


A sa voix rauque 

Un lamento

Vibre en trilles berbères dans la non-vue du soir

Connivence d’altos 

Aux complaintes guerrières

Des femmes du terroir


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