Soulevée de clameurs matinales et d’abeilles
La vigne a le tissé d’une étoffe tribale
Ondulante et diaprée au lever du soleil
Elle tourne ses couleurs comme un essaim de châles
D’invisibles gitanes semblent la secouer
Lui voler ses joyaux pour s’en parer les mains
Tandis que lentement les hauts paniers d’osier
Débordent sous le poids des grappes de raisin
Elles déploient leurs bras en cadence tranquille
Et versent dans les hotte leur fabuleux butin
Barbouillant le visage échauffé des bambins
De leur bouche sucrée de caresses vigiles
Puis rompues de chaleur enivrante et docile
Ces amazones vont la corbeille à la hanche
Dans un éloignement d’insecte malhabile
Essuyant la fatigue à l'élytre des manches
A l’apnée de la nuit
Dans son grand lit défait d’odalisque épousée
La vigne a des soupirs d’amante
Elle porte à son cou de captive adulée
Des colliers d’amarante
A sa voix rauque
Un lamento
Vibre en trilles berbères dans la non-vue du soir
Connivence d’altos
Aux complaintes guerrières
Des femmes du terroir
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